Hier, le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a présenté son projet d'agrandissement du centre mythique de la Porte d'Auteuil visant à conserver le tournoi au sein de la capitale.
Pour mettre toutes les chances de son côté, il a annoncé qu'il proposerait également une convention de 99 ans et une redevance versée par la FFT en hausse, si le projet abouti.
Le site actuel de la Porte d'Auteuil est, avec 8,5 hectares, le plus petit en terme de surface des quatre tournois du Grand Chelem. Selon le projet municipal, les serres d'Auteuil, seulement séparées des installations actuelles de Roland-Garros par la rue Gordon Bennett, accueilleraient un nouveau court d'une capacité de 5.000 places, non couvert et semi-enterré à 3,50 mètres sous le sol.
L'enceinte serait bâtie sur une surface de 2.000 m² actuellement occupée par des "serres chaudes" contenant des collections de fleurs rares et des bâtiments techniques, préservant ainsi les serres classées aux Monuments historiques. Le bâtiment, qui restera la propriété de la municipalité, sera entouré par 1.700 m² de nouvelles serres. Afin de "rendre le bâtiment vivant au-delà des quinze jours du tournoi", la Ville de Paris envisage de mettre cet équipement et les nouvelles serres à la disposition du public le reste de l'année par des manifestations comme des concerts et des colloques (...)
Comme tous les autres projets qui entourent Roland Garros, les contestations n'ont pas tardé à se faire entendre et notamment du côtés des riverains qui se sont insurgés contre la construction d'un nouveau stade de 5000 places:
"On est en train de brader le patrimoine", estime David Alphand (UMP), qui s'insurge contre la redevance "honteusement faible" payée par la FFT à la mairie pour le site. Cette redevance doit être renégociée. Dans un communiqué, l'ancien ministre des Sports Jean-François Lamour (UMP) et Claude Goasguen, député-maire UMP du XVIe, ont estimé que "les propositions" de la mairie "ont été prises sans concertation avec les élus parisiens, les élus du 16ème, les associations".
Ils se disent "solidaires des associations de parents d'élèves qui dénoncent l'occupation, qui ne se justifie en aucune manière, du stade Hébert, et qui condamne donc la pratique sportive de 5.500 élèves". Des associations de parents d’élèves FCPE, PEEP et APEL de plusieurs collèges et lycées du secteur ont de leur côté dans un texte: "refusé que l’extension du stade Roland Garros se fasse au détriment du sport scolaire". Selon eux "le Centre National d’Entraînement de Tennis serait déplacé de son emplacement actuel à Roland Garros pour être édifié en lieu et place du stade Hébert, dévolu actuellement au sport scolaire et associatif". Le groupe Europe Ecologie-Les Verts au Conseil de Paris souligne, lui, une "opportunité de réduire les inégalités territoriales" de la métropole avec une délocalisation. (...)
Au sein des professionnels et mordus de tennis, les débâts vont également bon-train. Yannick Cochennec, rédacteur en chef de tennis magazine, a offert son sentiment sur le sujet et les points positifs/negatifs qu'implique une telle entreprise:
Voilà exactement 21 ans que je couvre les quatre tournois du Grand Chelem (Open d'Australie, Roland-Garros, Wimbledon, US Open) et je suis obligé de faire ce constat en ayant tous les éléments de comparaison à ma disposition. Alors qu'ils avaient un coup d'avance sur leurs «concurrents» du Grand Chelem dans les années 1980 sous l'impulsion visionnaire de Philippe Chatrier, le président de la FFT de l'époque, les Internationaux de France en ont aujourd'hui un, si ce n'est deux, de retard sur leurs homologues de Melbourne, Londres et New York. Et Roger Federer ne s'est pas fait prier pour le dire, avec courtoisie mais fermeté, à Gilbert Ysern, le tout nouveau directeur général de la FFT, lorsque le n°1 mondial l'a rencontré au printemps dernier.
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